Paradox Music

INTERVIEW #041 – Moteka

black and white cover of paradox techno interview with MOTEKA
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« Je ne suis pas un extrémiste du « Hardware analogique » … au final ce qui compte c’est le son, peu importe la manière! » Notre invité de la semaine, Moteka, s’est prêté au jeu de notre interview paradoxale.

 

  • Salut Pierre, très heureux de t’accueillir dans notre série. On va commencer cet échange par tes premiers pas dans la Techno. Quel a été ton parcours en termes d’influences et d’écoute?

Salut à toute l’équipe Paradox ! Tout le plaisir est partagé ! Avant de parler de mes influences et de mon parcours techno, je tiens à parler de mes influences musicales plus larges. À la base, je viens de la scène Psytrance. Après avoir en avoir produit pendant quelques années, je me suis rendu compte que mon son devenait de plus en plus techno, pour au final perdre complètement toute influence trance. Deux artistes m’ont particulièrement marqué, et aidé dans cette transition : The Delta, avec leur album Minusman (sorti en 2008) et James Holden, avec l’album « The Idiots are winning » (2006).

Tous deux naviguaient entre techno et psytrance, l’une brute et martiale (The Delta) l’autre plus mélodique et mentale (Holden). Avec la découverte de la scène minimale dans ces années là, je me suis mis à produire quelques morceaux dans ce style. Au début c’était plus par expérimentation, pour moi, mais j’y ai pris goût et j’ai progressivement lâché la psytrance.

 

  • En faisant nos petites recherches, on se rend compte que Moteka est à la base un duo avec Remy Maurin créé en 2013. Peux-tu nous dire plus sur la genèse de ce projet et son évolution ?

Quand j’ai décidé d’arrêter la psytrance, j’ai réussi à convaincre mon binôme, Rémy Maurin, de faire de la techno ensemble. On a commencé sous le nom Pierre Delort et Rémy Maurin, vers 2011/2012. Nos influences étaient un peu plus tech-house. Après quelques sorties et après avoir affiné nos prods et notre style, on a décidé de repartir à zéro en changeant de nom. C’est là que Moteka est né, mi-2013. Malheureusement, Rémy avait de moins en moins de temps pour la musique, et nous avions de plus en plus de divergences sur l’orientation artistique du projet Moteka, Rémy préférant un son plus groovy, alors que je préfère une techno plus dure et brute. Au final, Rémy a du arrêter pour se consacrer à plein temps à la bière et au brassage. Après une petite pause pour réfléchir, j’ai décidé de continuer seul et d’orienter mon son vers ce que j’aime vraiment : une techno plus dure, brute et sans concession.

 

  • Peux-tu nous décrire un peu la config de ton studio?

Je suis un gros geek de matos. Je suis autodidacte, et au fur et à mesure de mon apprentissage, j’ai accumulé par mal de machines. Je ne suis pas un extrémiste du « Hardware analogique » en opposition au « software digital », au final ce qui compte c’est le son, peu importe la manière! J’utilise donc les deux. Les machines viennent plutôt dans la phase de création. Je trouve plus facile de manipuler des machines pour trouver des idées que d’être devant une page blanche de mon logiciel. Une machine que j’utilise énormément est la Tanzbar de chez MFB, c’est une boite à rythme analogique au son exceptionnel. J’utilise également l’analog Rytm de chez Elektron, autre boite à rythme analogique, à l’interface géniale et très inspirante ! J’ai quelques synthés analogiques dont un excellent Xpander d’Oberheim de 1984, très bon pour les nappes et les cuivres (Jump de Van Hallen ça vous parle ?). J’utilise aussi pas mal d’effets externes pour traiter mes boucles : des distorsions des reverbs etc… Pour l’édition, j’utilise Bitwig studio, qui ressemble beaucoup à Ableton Live.

 

  • J’ai ressenti une évolution du son de Moteka entre les premières et dernières releases. Le groove rythmique est en train de céder la place à l’émotion nappeuse et mentale… Es-tu d’accord avec cette impression?

Ça doit être mes influences Psytrance qui refont surface ! J’essaie de ne pas rester figé dans un style. J’expérimente constamment dans ma façon de produire et je me remets sans cesse en question, d’où une évolution permanente. Mes influences changent régulièrement. En ce moment, j’écoute beaucoup de Brian Eno et de John Carpenter, d’où les grosses nappes. Mais le rythme n’est jamais loin, la base des mes morceaux est presque toujours une boucle produite sur mes boites à rythme.

  • Ton premier live au Rex en décembre dernier: certainement un moment fort pour tout artiste qui se respecte ! Un live couillu et bien ficelé, plutôt dans un registre tribalistique et entêtant j’ai trouvé. Et c’est là où ça le fait sortir du lot. Quel a été ton ressenti de cette expérience ?

Jouer au Rex est une consécration pour tout artiste de musique électronique. J’avais énormément de pression c’était la première fois que je jouais un live sous le nom Moteka. J’ai bossé comme un fou pour ce live, je n’en reviens toujours pas à quel point c’était intense, au moment de le jouer, je n’ai rien vu passer ! Le live est construit autour d’une bonne centaine de boucles, et de séquences sur mes machines qui peuvent toutes se combiner entre elles. Du coup ça laisse une très grosse place à l’improvisation, et ça permet d’adapter mon jeu aux réactions du public, un peu à la manière d’un DJ set, mais en reconstruisant les morceaux et les structures en live. Le public du Rex a très bien réagi, c’était génial !

  • Comment as-tu construit ce podcast pour Paradox ?

C’est un DJ set classique dans lequel j’ai essayé d’incorporer pas mal de mes morceaux les plus récents. Pour mes DJ set, je me prépare une playlist de 100 à 150 morceaux et j’improvise en fonction de mes envies et de mon ressenti.

  • Quels artistes ou labels t’ont le plus marqué en 2016?​

Pour moi le label du moment est incontestablement PoleGroup, de l’espagnol Oscar Mulero. La sélection est de qualité, que ça soit sur le label principal ou sur les sous labels Aine et Warm Up Recordings. Au niveau des artistes, j’aime beaucoup les derniers Eric Fetcher, qui produit une techno modulaire d’inspiration sci-fi un peu dans la lignée des derniers Mills. Un autre artiste que j’aime beaucoup en ce moment, c’est Codex Empire, avec sa techno breakée bien indus !

 

  • Tu travailles pas mal avec deux labels bien en place dans la scène : Skryptöm et Children Of Tomorrow. Peux-tu nous dire un peu plus sur ces collaborations avec ces deux labels ?

Skryptöm est un des premiers labels avec qui j’ai commencé à travailler lors de ma conversion à la techno. Antoine (Electric Rescue), le boss du label, est un mec génial qui nous a beaucoup aidé Rémy et moi au début. Il est toujours disponible et me donne souvent de bons conseils que ça soit pour mes productions ou pour gérer mon projet.

Skryptöm c’est un peu une grande famille, et avec les autres artistes du label, on s’entraide et on partage beaucoup. Children of Tomorrow est un label avec qui je me sens très proche en terme de son, si tout ce passe bien, je devrais sortir un deuxième EP chez eux d’ici la fin de l’année.

  • De quels autres labels te sens-tu le plus proche ?

Je pourrais citer le label espagnol Newrhythmics, avec lequel j’ai sorti 2 EP. Sinon en terme de sonorités, je me sens assez proche de Polegroup ou de Semantica, et j’adorerais pouvoir travailler avec eux. Qui sait …?

 

  • A quoi doit-on s’attendre dans les mois à venir concernant ton actu artistique ?

Pour l’instant tout est encore un peu vague, mais il devrait y avoir le deuxième EP chez Children of Tomorrow, ainsi qu’une suite à mon EP Xyceon, sorti en décembre chez Skryptöm. Pour le reste, j’ai beaucoup de morceaux en réserve que je vais essayer de sortir cette année, mais rien n’est arrêté encore, je ne préfère donc pas trop en parler.

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