- Hello Diane, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Diane. Diane est mon vrai prénom. Je suis née à Lyon, dans une famille de musiciens. Mes parents, producteurs de spectacles de musique classique, et mon père corniste professionnel, me mettent au parfum de la musique depuis ma naissance. A la maison il y a souvent de la musique classique (Opéra, concertos…) mais aussi de la chanson française (Serges Gainsbourg, Jacques Dutronc…) ou musique du monde (Salsa, … ) et souvent du Jazz. Je commence à jouer du violoncelle au Conservatoire dès 7 ans, ensuite je poursuis des études de Droit puis de Diététique. Mais j’aime surtout danser et un jour je décide à mon tour de faire danser les gens et de les faire rentrer dans mon univers. Je découvre le mix et ça me plaît, un nouveau moyen d’expression et de communication.
- Quel a été ton parcours en termes d’influence et d’écoute dans le monde très sinueux de la Techno ?
Je commence à écouter de la musique électronique vers 7 – 8 ans chez mes voisins. On danse tous les après-midis sur les vinyles qui tournaient sans cesse : Laurent Garnier, Daft Punk, Saint Germain, Kraftwerk et bien d’autres… Plus tard vers 13 ans j’écoute du Rock Industriel comme Nine Inch Nils, Marilyn Manson, Korn aussi … Période d’adolescence, où je monte un groupe, je fais de la guitare Basse à l’époque. Mais j’arrête car je préfère vivre la musique et danser dessus. Peu importe la musique. Mais La Techno me correspond sans doute le plus , comme si elle et moi on se comprenait.
Quand j’en ai eu l’âge je commence à sortir dans des clubs, généralistes au départ, puis ensuite je découvre le DV1, et là c’est le coup de foudre. Dans ce club lyonnais, je découvre la Techno. Elle prenait tout son sens dans l’ambiance : une cave noire et sombre avec des effets de lumières que je trouvais à l’époque mystérieuse ; cette ambiance de cave noire était pour moi une découverte. À l’époque, la clientèle était particulière ; un melting-pot où on trouve des gens de toute sorte : des étudiants, des femmes, des hommes de tous âges de toutes classes confondues et de sexualité différente, des travestis, …
Dans ce club, j’ai aussitôt l’impression que tout le monde est à sa place, tout le monde peut venir s’exprimer sans être jugé. On sent un « lâché-prise » général et sur cette musique entêtante et au rythmes incessants des beats puissants et lourds, je suis très vite devenue accro à ce lieu. J’adore l’état de transe dans lequel ça me met, et puis je rencontre des gens dans la même recherche, on échange nos découvertes musicales, et progressivement j’ai eu envie de faire danser les gens … . Je commence à mixer en 2012, et j’ouvre l’inauguration des Nuits Sonores en 2013, puis on me propose une résidence au Terminal qui venait tout juste d’ouvrir à l’époque.
- Si tu devais décrire ton univers musical en trois adjectifs, lesquels utiliserais- tu ?
J’aime la musique, je trouve dommage de s’enfermer dans un style. Mais je suis plus attirée par la Techno – aux influences industrielles et post punk, new wave un peu sur les bords.
- La scène électronique lyonnaise est sans doute un modèle à suivre en France. Peux-tu nous dresser un portrait de l’état actuel de la scène : spots incontournables, collectifs actifs, publics…
Oui la scène électronique Lyonnaise s’est beaucoup agrandie depuis 2 ans. La passion pour les cultures électroniques est devenue évidente. D’ailleurs Lyon, on la connaît bien pour le Festival des Nuits Sonores qui a maintenant 12 ans. Ils font partie des pionniers. Ensuite, cette dynamique ne s’est jamais ralentie : ouverture de nouveaux clubs : plus intimiste comme le Terminal , puis des grands clubs, comme Le Sucre. Un autre lieu ; Le Periscope , une salle de concert à la base (Jazz, Rock …) propose depuis peu des événement s de musique électronique au format concert de 20h à minuit, sous ce format là, je trouve la perception de la musique différente. Dernièrement, Le Box Boys, un ancien Club Gay libertin, qui me fait penser aux ambiances des Clubs Berlinois.
En ce qui concerne les spots incontournables, tout dépend de ses envies. Du moment que la programmation est bonne , que les énergies et les gens sont cool, faut y aller sans se poser trop de questions.
Concernant les collectifs et les organisateurs, il y en a de plus en plus. Chaque collectif a une identité intéressante et une esthétique qui lui est propre. Souvent c’est par affinité que les collectifs se créent.
Je vous invite à venir assister aux soirées et à découvrir les nouveaux spots par vous même…
- Tu es à l’origine de Cytochrome, concept de soirée lancé en 2013 avec des événements essentiellement au Terminal. C’est quoi la petite histoire de cytochrome?
Pour faire simple, un Cytochorme est une molécule de l’organisme responsable de la vie et de la mort de la cellule. C’est un concept qui m’a particulièrement marqué pendant mes études de Diététique. Je suis donc partie dans un trip en connexion avec l’organisme micro et la Techno. Je propose un univers musical à tendance Techno. De l’émotion au son: la crypte et la couleur. Des profondeurs secrètes de nos sensations, émerge l’univers techno : infiltration de la techno jusque dans les viscères…. « Au cœur des réactions chimiques étranges : ces forces qui poussent la vie des cellules à se régénérer et à mourir. Au creux de la cellule, agit le cytochrome: vecteur et signe essentiel d’énergie et de destruction. Univers cryptique. »
- En 16 éditions, vous avez un joli petit tableau de chasse, et surtout, des bookings assez recherchés et pointus. Comment choisis-tu les artistes et sur quels critères?
Je choisis mes artistes en fonction de leur univers musical. Souvent je tombe sur un artiste qui attire mon attention par hasard, en « chinant » de la musique. Quand son univers musical me parle, j’ai envie de rencontrer l’artiste pour échanger et l’inviter à s’exprimer au Terminal.
- Avant la musique électronique, t’es passée par la case conservatoire et c’est comme ça que t’as appris le piano et le violoncelle. Qu’en as tu gardé dans la musique que tu fais actuellement ?
J’ai eu envie de faire sonner mon violoncelle à ma guise, et j’écoutais à côté de ça différents types de musiques, allant de la pop jusqu’à la Techno en passant par le Rock, la New Wave… Ce qui compte, c’est la musique et les sensations qu’elle nous procure. Inclure le violoncelle dans une de mes productions est pour moi logique. Aussi l’enseignement que j’ai eu au conservatoire m’a sûrement aidé à travailler mon oreille concernant les harmonies et le rythme. Mais ce qui me plaît dans le métier de Dj, c’est que tu peux t’organiser comme tu le souhaites, le conservatoire m’a aidé à m’organiser dans mon travail et à persévérer.
- Y a-t-il un club en particulier où tu t’es dit : « j’aimerai trop un jour jouer ici » ?
Le Berghain par exemple mais j’ai beaucoup aimé Marseille, quand j’ai mixé au Cabaret Aléatoire, c’est un lieu industriel et novateur qui m’a beaucoup inspiré.
- Quels artistes/labels t’ont le plus marqué 2015?
Kangding Ray , Headless Horesman, Makaton et VSK m’ont beaucoup marqué pendant l’année 2015 et les labels. La liste n’est pas exhaustive, et je vous invite à écouter mon PODCAST où vous trouverez l’essentiel des réponses…
- Et la prochaine soirée Cytochrome ?
Dernièrement , j’ai invité VSK, PVS et la prochaine Cytochrome sera avec des locaux lyonnais car j’ai envie d’aider à faire connaître des artistes émergeant : Jüles, Brahme … et ma liste n’est pas encore arrêtée.