Luigi Tozzi est un de ces artistes qui voient en la grâce de la nature le meilleur échappatoire à la brutalité du système dont on est prisonnier. L’italien a déjà bluffé tout le monde en 2014 avec des sorties très inspirées notamment sur le très mystique Hypnus Records ou encore sur la subdivision digitale de Dynamic Reflection. Il en remet une couche avec ce magnifique EP intitulé Faunus qui sort courant du mois de juin sur Mental Modern. Les titres des morceaux nous plongent dans l’univers de la mythologie romaine, et plus précisément des divinités en lien avec la forêt, pour faire le lien avec le concept du label, très porté sur les paysages naturels en termes d’artworks ou de sonorités.
La face A démarre avec Faunus dont la rythmique breakée nous surprend dès le départ. Le kick est feutré mais poignant, et le réseau de chords passées au delay forment une brume crépusculaire qui nous suit dans tout le morceau. La structure est dynamique et on ne se lasse pas de ses drops de bass tonitruants après la petite montée de drum métallique qui va bien.
Le remix est confié au duo britanico-grequo-turc, Cassegrain, qui comptent parmi les piliers de cette scène « drony-techno » à la Prologue. Leur version reprend une rythmique traditionnelle et investit plutôt le versant métallique de l’original. Les chords qui étaient plutôt atmosphériques sont ici plus cérébrales et frôlent même l’acidité pour ceux qui veulent l’entendre. On n’est plus en contemplation mais plutôt en trance, comme à la fin d’une cérémonie shamanique en l’honneur de Faunus ! Mention spéciale à la nappe assez complexe et bien aboutie sur ce remix.
L’autre face commence par un deuxième morceau original, Silvanus, aux allures bien plus minimalistes cette fois-ci. Les boucles de drones accompagnent des nappes presque abstraites et des notes de synthés répétitives qui vous mettent en lévitation.
Vilix, autre artiste romain, auteur du Mental Modern 001, donne un coup de pêche à l’original et transforme l’état de lévitation en agitation paisible.
Un 5ème morceau, Pomona, proposé exclusivement sur le bandcamp du label, clôture cette sortie. Le grain du son utilisé et la structure du morceau ne sont pas sans nous rappeler les premières sorties d’un Obtane ou d’un Gigli sur leur label Zooloft.
Décidément, la scène italienne semble tournée de plus en plus vers la mouvance deep de la Techno moderne et ce n’est pas pour nous déplaire.