Avec Analog Section Records, ce nouveau label au nom on ne peut plus militant, Sarf vient étoffer l’armada d’une scène techno espagnole qui se porte de mieux en mieux.
Pour l’ouverture de son écurie, il nous offre un VA qui nous plonge dans une techno ténébreuse, puissante et parfois même psychédélique.
Le premier morceau est signé par la star espagnole du moment, Joton, boss du label New Rhythmic fondé en 2005. Le track intitulé « Plain Port » donne d’emblée une tonalité froide, métallique et percussive à la release. De progression assez lente mais constante, on découvre dans ce morceau des textures alarmistes qui lui donnent un côté presque mental. Joton nous prouve encore une fois, après ce magnifique album « Casting out nines » sorti il y a quelques mois, qu’il maîtrise le sujet de cette variante old-school new-school de la techno 4/4.
L’initiateur du label nous propose quant à lui, avec « Scunch », une atmosphère un poil plus posée. Une techno lourde et brute qui expose ça et là des motifs ambiants à la limite du drone. Le morceau évolue au gré d’une boucle de synthé métallique aux accents anxiogènes. On a l’impression de revivre l’âge d’or du registre, en version plus épurée et métallique.
Le highlight de cet EP est sans doute celui pondu par le prodige argentin, ou devrait-on plutôt dire l’alien argentin, Pulse one. Là on bascule vers le côté mental de la force, et « Chromatic » nous en fait voir de toutes les couleurs. On est rapidement pris dans une boucle dronique ample et elliptique qui permet au morceau de s’exprimer dans tout l’espace sonique nécessaire. On a vraiment l’impression que le morceau évolue en 3D et se retrouve comme aspiré par les boucles de drones et les motifs de souffles. Les snaredrums métalliques mettent juste le petit punsh qu’il faut pour nous garder éveillés et éviter qu’on sombre dans cette boucle. Puis en plein milieu du morceau, arrive cette envolée de charleys, synonyme de soulagement et de clairvoyance, comme l’instant où on a l’impression d’avoir tout compris à notre trip de champis. Mais un conseil, n’écoutez pas ce track sous l’influence de la substance susmentionnée, car il est assez hallucinogène comme ça !
Une autre figure montante de la scène ibérique, Kalter Ende, ferme ce bal avec un track qui mêle les textures des trois précédents. Rappelons que cet artiste a fondé Concerns Music il y a quelques temps, label dont on vous a décortiqué la dernière réalisation ici , et qu’il nous a régalé avec ce très bon mix dans le cadre de notre série de podcasts.
« Segment 2 » donne l’impression de résumer les univers des trois morceaux précédents. Les composantes mentales et percussives sont savamment équilibrées. L’ambiance générale est plutôt glaciale mais laisse apparaître un gros travail de détail sur les textures droniques et autres motifs d’allures laseroïdes. Des pseudo-nappes spacio-métalliques et parfois même granuleuses nous donnent l’impression qu’on explore une planète inhabitée fraîchement découverte.
L’EP sort en vinyl le 5 novembre puis en version digitale. A bon entendeur !