- Salut Jen, ravis de t’accueillir sur notre plateforme. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Hello Paradox et merci encore pour l’accueil <3
Je suis une grande passionnée de musique depuis mon plus jeune âge et je joue de la techno sous mon alias Vel. J’aime surtout produire de la musique, sans réfléchir aux styles, en suivant simplement mes envies du moment. A côté de ça, je suis ingénieure dans le financement de la R&D, un métier un peu moins créatif mais tout aussi stimulant 🙂
- Tu es originaire du Maroc, Quand et comment es-tu rentrée en contact avec la musique électronique et quelle est ta vision de la scène techno au Maroc?
J’ai vécu au Maroc (Rabat) jusqu’à mes 17 ans, puis je suis allée à Lyon pour mes études, où j’ai découvert la musique électronique. Lyon est vraiment une ville chanceuse, elle porte une belle club culture (notamment avec Le Sucre et les Nuits Sonores) qui va de paire avec une scène locale qui regorge de talents.
Pour moi, c’est tout le contraire de Rabat … il me semble que la musique électronique telle qu’elle peut être vécue en France, n’y existe pas. Jusqu’à présent, je n’ai jamais pu vivre une soirée dans le confort d’un bon club au Maroc, même si j’entends parler de la naissance d’une scène avec les festival Atlas, Oasis ou encore le Vanity Club à Casa. Je pense que ce n’est qu’une question de temps. Si un jour on vient à bout du covid, on pourrait assister à la naissance d’une belle scène marocaine, qui fait déjà émerger des talents tels que Prophan, Glitter ou encore Vost.
- Comment pourrais-tu décrire la techno que tu joues ? Et celle que tu produis ?
Depuis que j’ai commencé je suis passée par plusieurs phases et styles différents, et c’est d’ailleurs ce que j’aime dans la musique : pouvoir toujours évoluer, ne pas savoir quelle énergie musicale m’animera dans 5 ans, ne pas savoir ce que je suis capable de produire demain.
En ce moment, j’aime jouer de la techno rapide, rythmée (grande fan de percussions), tout en étant délicate et gracieuse. Je pense qu’on a besoin de se défouler plus que jamais, ce qui peut contribuer à expliquer la flambée des bpms ces dernières années.
- Tu es maintenant installé à Lyon, au fait ça fait combien de temps que t’es à Lyon ? T’as dû pas mal cerner les coulisses de la scène Techno là-bas, pas vrai ? Avec tous ces collectifs qui fleurissent, n’y a-t-il pas un excès d’offre par rapport au public ou finalement tous les collectifs y trouvent leur compte ?
Je me suis installée à Lyon il y a 8 ans, et j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes pour la musique, notamment Damien de Papa Maman.
Il est vrai que la quantité de soirées électroniques est assez impressionnante .. à part Paris, je ne vois pas quelle ville française pourrait faire de l’ombre à Lyon. Et toutes les soirées sont souvent complètes, il y a un public très demandeur. D’ailleurs les deux vont ensemble : plus il y a de soirées, plus on fédère un public et on fait grandir la demande. La musique électronique fait partie de la culture lyonnaise, et elle est présente sous toute ses formes: Papa Maman fait principalement venir des têtes d’affiches, XTF organise des soirées dans des lieux improbables, Future is Female se concentre sur la hard techno et l’esthétique cuir, 23:59 invite la scène rave, Everybody Trance se charge de la Trance, il y’en a pour tous les goûts et c’est beau à voir!
- Ton premier EP est sorti fin 2020 sur Unusual Records, le label d’Amour Noir. Les morceaux de l’EP sont très bons d’ailleurs. Comment êtes-vous rentrés en contact ? Qu’est ce qui a inspiré ton EP? Comment le décrirais-tu à quelqu’un qui ne l’a pas encore écouté ?
J’ai pu rencontrer Florian grâce à nos intérêts communs pour la musique, il m’avait d’abord contactée pour que je remixe une de ses productions, puis je lui avais envoyé mes morceaux pendant le premier confinement. J’ai tout de suite aimé travailler avec lui, il m’a donné carte blanche pour le vinyle, et notre collaboration a été très fluide.
Pour cet EP, je voulais créer des rythmiques effrénées et galopantes, contrastant avec une émotion rêveuse et une atmosphère légère. Le thème était la féminité, j’y ai beaucoup ajouté des murmures de ma voix pour apporter un côté sensuel et doux.
- En juillet 2021, tu jouais en live aux côtés d’In Aeternam Vale au festival Nuits Sonores. Qu’est ce que ça t’a fait de jouer à un tel festival avec un des pionniers de la techno française ?
Ce live était ma plus belle expérience en musique. Jouer aux Nuits Sonores était un rêve pour moi. Et encore plus avec In Aeternam Vale, qui est la personne qui m’a donné envie de lancer mon projet musical. Nous avons une sensibilité commune et comprenons la musique de chacun.
Je me souviens que j’étais terrorisée à l’idée de jouer sur cette scène, j’ai l’impression que je n’ai pas fermé l’œil la nuit pendant une semaine avant cette date. Et finalement lorsque nos deux univers se sont confrontés, c’était une explosion de chaleur et de bonheur à la fois dans mon cœur et dans la salle. Je ne m’étais jamais autant “lâchée” devant un public. Normalement je n’ose pas trop danser, je me sens observée. Mais là je m’en foutais, on s’est tellement amusés tous les deux! Le soundsystem nous pulvérisait à tel point qu’on sautillait dans tous les sens.
- A côté, tu as eu plein d’autres projets et de collaborations, avec François X, Soeurs Malsaines, Papa Maman. Tu es également membre du collectif Under Rave lancé par u.r.trax. Que peux-tu nous dire dessus ? Comment es tu impliquée dedans ?
J’ai eu la chance de rencontrer u.r.trax après la sortie de mon EP Who By Fire, et on a tout de suite accroché.
C’est d‘ailleurs grâce à elle que j’ai rejoint mon agence de booking AMS. Elle a une vision libre et sans complexes de la musique électronique, et surtout énormément de talent. C’est l’artiste qui m’impressionne et m’inspire le plus en ce moment, et elle n’a que 19 ans !! J’ai la chance d’échanger régulièrement avec elle nos productions respectives, ce qui nourrit énormément ma créativité. Elle a lancé son collectif Under Rave en 2021 pour matérialiser sa vision des soirées, auxquelles elle m’invite à jouer aux côtés d’artistes tels qu’Unklevon ou Sentimental Rave. Elle veille à sélectionner des artistes qui collent à ses idées. On en est encore qu’au début de l’histoire, pleins de surprises sont prévues pour la suite 🙂
- Dans quels labels te sens-tu le plus proche dans ta vision du son ?
Il y a surtout deux labels pour lesquels j’ai une dévotion sincère et totale.
trip de Nina Kraviz : toutes les sorties sont complètement folles, il est clair que ce label a contribué à décomplexer la techno. Il y a tellement d’originalité, on y retrouvera jamais une track basique 4/4 sans démence.
Ensuite Illian Tape : ce label n’a pas de limite. A chaque sortie je retrouve des percussions surprenantes, des rythmiques inattendues tellement intelligentes, et beaucoup d’élégance. Un vrai recueil de prouesses MAO.
- Comment as tu construit le mix pour Paradox ?
Pour ce podcast, j’ai voulu infuser une couleur trance à ma techno rythmée, tout en gardant la touche percussive et rêveuse Vel 🙂
- Des projets pour 2022 dont tu voudrais nous faire part ?
En 2022 j’espère sortir encore plus de musiques!
Mon EP “He Took One Cliché” sortira le 9 février, il aborde les thèmes de la féminité et de la folie. Puis un deuxième intitulé “Era L” est prévu à mi-année 🙂
Je suis tellement impatiente de partager mes nouvelles créations, qui sont pour moi réellement différentes de mes premières sorties!
Interview by: Pauline Wable
Editorial team: Alae Ramdani